Lors de son voyage à Brighton au Royaume-Uni, Hideo Kojima a accordé une interview à Sky News pour discuter de son travail, de cinéma et du phénomène Pokemon Go.
« Je ne considère pas mes jeux comme étant « sombres ». J’essaie simplement de les rendre plus réalistes. Il y a trente ans, lorsque j’ai commencé à créer des jeux vidéo, ils étaient loin de l’être. Les personnages n’avaient pas d’histoire, il n’y avait pas de narration. Or, personnellement, j’étais très intéressé par dépeindre ce genre d’éléments. Je ne voulais pas que mes personnages soient de simples lignes de code. Je souhaitais leur donner un côté plus vivant et organique. Par conséquent, je voulais communiquer [aux joueurs] les épreuves auxquelles les personnages ont dû faire face dans leur passé. C’est la raison pour laquelle je ne considère pas tout cela comme un ajout « sombre », mais plutôt comme une manière de leur donner une profondeur. »
« Je suis un mordu de cinéma. Il y a deux raisons pour lesquelles je regarde des films tous les jours. Tout d’abord, ils me montrent des choses que je ne connais pas encore. Les personnages et les paysages, par exemple, nourrissent ma créativité. Ensuite, c’est l’énergie que dégagent ces films. La conception d’un jeu vidéo est un long processus, parfois difficile, avec son lot d’épreuves. Si je ressens le syndrome de la page blanche, je regarde un grand film afin de me souvenir qu’il y a énormément de personnes créatives dans le monde qui se tuent à la tâche pour créer des œuvres magnifiques. Et cela me motive vraiment à aller de l’avant. Bien sûr, les [autres] jeux vidéo m’inspirent beaucoup. »
« On me demande très souvent quel est mon jeu préféré. Je dirais que Super Mario Bros est celui qui m’a le plus inspiré. C’est le jeu vidéo auquel j’ai le plus joué avant de rejoindre l’industrie. J’y ai bien consacré des centaines d’heures. Pourtant, c’est un jeu simple dans lequel on ne peut que courir et sauter. Seuls deux boutons sont nécessaires. L’écran défile à droite et c’est tout ! Mais grâce au timing, Super Mario Bros gagne en profondeur. C’est précisément ce jeu vidéo qui m’a fait réaliser tout le potentiel que recelait ce médium. D’ailleurs, je ne pense pas qu’il y ait un autre jeu vidéo qui puisse le surpasser un jour. »
Jadis, j’ai créé un jeu baptisé Boktai [sur Game Boy Advance, en 2003]. Ce jeu était doté d’un détecteur UV. Vous étiez obligé d’utiliser la lumière réelle du soleil afin de vaincre les vampires du jeu. Cette interaction avec le monde réel est assez similaire à celle de Pokemon Go. Il est important d’explorer les nouvelles technologies afin d’accroître les possibilités. Toutefois, je ne pense pas que ce type de jeu remplacera les « gros » jeux. Je ne suis pas de ceux qui disent : « Voici le nouveau truc [qui marche]. À partir de maintenant, on ne fait que ça ! » Au contraire, je pense qu’en explorant [sans cesse] de nouvelles possibilités, nous aurons plus de variétés de jeux vidéo. »
« La musique britannique est superbe ! C’est la meilleure musique au monde ! Les films britanniques sont tout aussi fantastiques. Toutefois, quand je joue à un jeu vidéo, je ne fais pas particulièrement attention à son pays d’origine. Media Molecule est un studio incroyable ! Ils ont un environnement, une philosophie et une manière de créer des jeux complètement différents des autres studios. Je ne sais même pas si on peut qualifier de « jeu » ce sur quoi ils travaillent actuellement. Cette manière avec laquelle ils expriment leurs idées, c’est quelque chose que je serai bien incapable d’imiter. C’est vraiment original. S’il y a énormément de studios qui sont dirigés par le marketing, chez eux c’est très différent… »
« Lorsque les jeux vidéo sont passés de la 2D à la 3D, j’ai pensé que cette évolution était essentiellement la même que pour les films et la TV. Nous étions toujours restreint par ce petit cadre qu’est l’écran. Mais maintenant, le cadre n’existe plus. C’est pourquoi je pense que ce sera un plus grand bond que celui de la 3D. Mais ce changement ne se limitera pas qu’aux jeux vidéo. Je pense que cela changera nos modes de vie de manière générale. Cela commencera par les jeux vidéo, mais plus tard, cette technologie se propagera dans d’autres domaines de la société. C’est à ce moment-là qu’on réalisera tout le vrai potentiel de cette technologie. »
« tu dis pas du mal de steven » ^^
sympa l’image de mario et snake, je l’avais jamais vu
Et Kojima de rappeler qu’il y a 13 ans, il avait créé un jeu qui incitait les joueurs à sortir de chez eux. Trop fort.
Le titre de « Steven Spielberg du jeu vidéo » n’était il pas attribuer à Shigeru Miyamoto?
Si une analogie semblable devait être faite pour Kojima, je dirais plutôt qu’il serait le Stanley Kubrick du jeu video.
Bien plus aventureux dans les thèmes abordés quitte à ne pas être compris.
Spielberg est à l’image de Miyamoto. Un géant sacré mais profondément magnat de son média et jamais remis en question.
C’est ainsi que Skynews a baptisé Hideo Kojima, d’où la présence de guillemets dans le titre. Il y a quelques années, Les Cahiers du Cinéma ont, en effet, baptisé Hideo Kojima le Stanley Kubrick du jeu vidéo.
Bon à savoir. Merci pour ces infos, sheen.